Les arnaques publicitaires sur Facebook : un problème sans fin ?
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Les publicités frauduleuses envahissent de plus en plus Facebook ces derniers mois, et parmi elles, les arnaques au faux support Microsoft, ou celles concernant Bernard Arnault font des ravages chez les internautes, le plus souvent des seniors. Ces annonces, qui sont tout de même bloquées par des antivirus comme Avast pour « URL : TechScam » ou « URL : FinancialScam » quand on clique sur le lien, jouent souvent sur la peur ou l’appât du gain pour piéger les internautes. Pourquoi ces escroqueries prolifèrent-elles sur la plateforme ? Pourquoi est-il si difficile de les signaler efficacement ou de joindre un véritable humain chez Meta ?

Sommaire
ToggleUne vague de publicités frauduleuses sur votre fil d’actualité
En vous connectant à Facebook, vous ne pouvez pas manquer les publicités qui envahissent votre fil d’actualité ou s’affichent en encarts « Sponsorisé » sur la droite de l’écran. Parmi elles, des arnaques sophistiquées se multiplient : des annonces prétendant que Bernard Arnault, PDG de LVMH, promeut une plateforme de trading IA révolutionnaire ou une « opportunité crypto explosive ». D’autres, comme celles de Chic Mode, proclament que « Bernard Arnault secoue le monde financier avec une occasion en or pour les Français ». Vous croiserez aussi des promesses d’investissements locatifs miracles. Ces publicités frauduleuses exploitent des noms connus pour inspirer confiance, mais le véritable Bernard Arnault n’a rien à voir avec ces campagnes. En cliquant, vous risquez de compromettre vos données personnelles ou de voir votre compte bancaire siphonné par des escrocs.
L’accès à ce système est bloqué pour des raisons de sécurité
Plus inquiétant encore, certaines publicités adoptent des tactiques d’ingénierie sociale particulièrement agressives. Une annonce déguisée en alerte Messenger, par exemple, peut apparaître en haut à droite de votre écran, vous incitant à cliquer sur un prétendu message en attente. Si vous tombez dans le piège, vous risquez de vous retrouver face à un écran verrouillé par une fausse alerte, prétendant que votre pare-feu Windows est défaillant ou que votre système est infecté par un cheval de Troie. Ces messages vous pressent d’appeler un numéro en 09 70 38 XX XX, qui change régulièrement pour échapper aux signalements. L’objectif est clair : provoquer la panique pour vous pousser à divulguer des informations sensibles, installer un malware déguisé en logiciel de sécurité, ou payer pour un service fictif. Ces arnaques de type « tech scam », souvent bloquées par des antivirus comme Avast, se répandent à une vitesse alarmante sur Facebook, devenant un véritable danger pour les utilisateurs.
Ce n’est pas tout : en cette période de vacances, les escroqueries se diversifient avec des fausses annonces de camping-cars à prix cassés sur le Marketplace ou des offres prétendument signées Amazon promettant des ordinateurs portables gratuits. La liste des pièges est longue et ne cesse de s’allonger.
Pourquoi Facebook est-il un terrain fertile pour les cyberescroqueries ?
La prolifération de ces publicités malveillantes s’explique par la nature même du modèle publicitaire de Meta. Avec des milliards d’utilisateurs, Facebook est une plateforme incontournable pour les annonceurs, qu’ils soient légitimes ou frauduleux. Son système permet de lancer des campagnes publicitaires avec un budget minimal et une validation automatisée ultra-rapide. Mais cette automatisation a un revers : les algorithmes de modération peinent à détecter les annonces frauduleuses, surtout celles conçues pour imiter des communications officielles, comme une alerte Microsoft. En tant que spécialiste en cybersécurité, je peux affirmer que ces failles sont exploitées par des acteurs malveillants qui utilisent des techniques d’ingénierie sociale avancées pour contourner les filtres. De plus, les revenus publicitaires étant au cœur du modèle économique de Meta, retirer une annonce, même suspecte, peut représenter une perte financière. Cela donne l’impression que la plateforme privilégie parfois ses profits au détriment de la sécurité des utilisateurs.
Signaler une publicité, une tâche ardue
Vous repérez une annonce suspecte et décidez de la signaler en cliquant sur les trois points, puis sur « Signaler la publicité », en précisant qu’il s’agit d’une arnaque. Quelques jours plus tard, vous recevez une réponse automatisée : « Nous n’avons pas supprimé la publicité. » Ce message, familier à de nombreux utilisateurs, est particulièrement frustrant, car il semble indiquer que votre signalement n’a pas été examiné sérieusement. Pourquoi un tel dysfonctionnement ? En tant qu’expert en sécurité informatique, je constate que la modération repose largement sur des algorithmes, qui manquent de finesse pour identifier les arnaques sophistiquées. Les équipes humaines, réduites ces dernières années pour des raisons économiques, sont submergées par le volume de signalements. De plus, les critères des « Standards de la communauté » de Meta ne permettent pas toujours de classer une annonce comme frauduleuse, même si elle est clairement malveillante. Contacter un modérateur humain pour clarifier la situation relève du défi, rendant le processus de signalement inefficace.
La réponse type et automatisée de Facebook
Un exemple de réponse type que vous recevrez de Facebook dans plus de 99% des cas :
Nous n’avons pas supprimé la publicité
Nous vous remercions encore d’avoir signalé ce problème. Ces informations nous aident à améliorer l’intégrité et la pertinence des publicités diffusées sur Facebook.
Nous utilisons une combinaison de technologies et d’examens manuels pour traiter les signalements et identifier le contenu qui va à l’encontre de nos Standards de la communauté. Dans le cas présent, nous n’avons pas supprimé la publicité que vous avez signalée. Si vous pensez que nous avons fait une erreur, vous pouvez demander un examen de cette décision sous 180 jours.
Nous comprenons que cela peut être frustrant, c’est pourquoi nous vous recommandons d’influencer les publicités que vous voyez en masquant des publicités et en modifiant vos préférences publicitaires.
Joindre un humain chez Meta : un défi quasi insurmontable
Tenter de contacter le support de Facebook pour signaler une arnaque est une expérience décourageante. Aucun numéro de téléphone ni chat en direct n’est disponible pour les utilisateurs standards. Tout repose sur des formulaires en ligne ou des FAQ automatisées, qui mènent souvent à des réponses génériques ou à des boucles infinies. En tant que spécialiste en cybersécurité, je peux confirmer que cette absence de contact humain est un problème majeur. Avec des milliards d’utilisateurs à gérer, Meta s’appuie sur des équipes de modération sous-traitées, généralement sous-dimensionnées, qui peinent à traiter l’afflux de signalements. Les cybercriminels, eux, exploitent cette faiblesse en utilisant des comptes éphémères ou des techniques comme le cloaking pour masquer la véritable nature de leurs annonces, compliquant encore davantage la tâche des modérateurs. Résultat : les utilisateurs se sentent abandonnés, et les arnaques restent en ligne, prêtes à faire de nouvelles victimes.
Comment se protéger face à ces cybermenaces ?
Pour contrer ces publicités malveillantes, la vigilance est de mise. Une alerte prétendant que votre PC est infecté ou promettant des gains faciles doit être ignorée. Ne cliquez pas sur les liens et n’appelez pas les numéros proposés. Un antivirus robuste, comme Avast ou Malwarebytes, peut bloquer ces URL malveillantes avant qu’elles ne causent des dommages. Ajuster vos préférences publicitaires sur Facebook peut également réduire l’exposition à ces annonces, bien que cela ne soit pas une solution définitive. En tant qu’expert, je recommande vivement de signaler les arnaques via des plateformes externes comme SignalConso ou THESEE, qui permettent d’alerter les autorités françaises. Ces outils, bien que chronophages, sont souvent plus efficaces pour documenter les escroqueries. Enfin, sensibilisez votre entourage : partager des informations sur ces arnaques peut limiter leur impact.
Et après ? Une menace persistante
Tant que les revenus publicitaires resteront le pilier du modèle économique de Meta, les arnaques, qu’il s’agisse de fausses alertes Microsoft ou de prétendues opportunités signées Bernard Arnault, continueront de proliférer. Des technologies de détection avancées, comme l’intelligence artificielle appliquée à l’analyse comportementale, ou un renforcement des équipes de modération humaine pourraient améliorer la situation, mais Meta semble peu enclin à investir massivement dans ces solutions. En tant qu’utilisateur, il est crucial de rester proactif : vérifiez les commentaires sous les publicités, méfiez-vous des promesses trop belles, et signalez sans relâche, même si les réponses automatisées de Meta sont décourageantes. À terme, la pression des signalements pourrait inciter les autorités à exiger plus de responsabilité de la part des géants du numérique.
Le risque d’un exode des annonceurs légitimes
La recrudescence des arnaques publicitaires, comme les fausses alertes Windows, pourrait avoir des conséquences inattendues pour Meta. Les annonceurs légitimes, voyant leurs campagnes noyées dans un flot d’annonces frauduleuses, risquent de perdre confiance en la plateforme. La méfiance croissante des utilisateurs, qui cliquent moins sur les publicités par crainte d’arnaques, affecte directement la rentabilité des campagnes honnêtes. Si cette tendance se confirme, des entreprises sérieuses pourraient migrer vers des plateformes plus rigoureuses en matière de filtrage, menaçant le modèle économique de Meta. À trop tolérer les escroqueries, la plateforme pourrait se saboter elle-même.
L’urgence d’une intervention législative en France
La multiplication des arnaques publicitaires sur Facebook, des fausses alertes Messenger aux promesses farfelues attribuées à Bernard Arnault, appelle une réponse ferme du législateur français. La directive européenne sur les services numériques (DSA) impose aux plateformes une responsabilité sur les contenus illicites, mais son application reste trop vague pour être efficace. En France, des outils comme SignalConso permettent de signaler ces abus, mais sans sanctions significatives contre Meta pour inaction, les cybercriminels continuent d’agir en toute impunité. Une législation plus stricte, prévoyant des amendes dissuasives ou des obligations de modération humaine renforcée, pourrait contraindre les géants du web à investir dans des mesures de sécurité robustes. Sans une telle intervention, attendre une amélioration spontanée de Meta relève de l’utopie.

Auteur : Thierry Chabot
Article publié le
29 juillet 2025 et mis à jour le
29 juillet 2025
Passionné par les ordinateurs depuis son premier PC-1512, il est l'auteur principal des articles concernant Internet, les OS et les moteurs de recherches. Il répond souvent sur les forums de TheSiteOueb.net avec le pseudonyme Cthierry pour proposer des solutions, sinon, il intervient directement en clientèle à domicile dans le sud de la Seine-et-Marne.